Le deuxième joyau de l'épée

(suite de la storyline de L'étrange maladie de Davy)

Lorsqu'il était préoccupé Kay se levait tôt. En fait, il se levait même très tôt avant le lever du soleil. Depuis une semaine, le stress de Kay était monté d'un cran. Il se couchait vers minuit pour se réveiller vers deux heures du matin. Ses rapports avec Davy étaient difficiles. Celui-ci obéissait avec beaucoup moins d'entrain de d'habitude. Il avait du recourir plusieurs fois à des punitions physiques. Il l'avait même attaché pour le fouetter, légèrement cependant, et se servir de lui à des fins sexuelles le jour précédent. Le plaisir de Davy n'était pas simulé... et Kay avait eu une certaine satisfaction en voyant que Davy avait encore sa libido élevé. Mais, là encore, Davy n'avait montré qu'un entrain très limité. Sa participation n'avait rien d'exceptionnel.

Le problème de Davy portait tellement sur le moral de Kay que celui-ci avait décidé de substituer ce problème par un autre. Après avoir utilisé Davy pour obtenir un plaisir retrouvé et s'être libéré psychiquement, il s'était couché pour les deux petites heures que formaient sa nuit. Puis, alors que Davy dormait d'un sommeil somme toute agité, il se leva et alla s'habiller. Cela faisait une semaine environ qu'il préparait cet évènement.

Discrètement, il s'esquiva de la chambre, prit son manteau et sortit rejoindre les ombres de cette nuit sans lune. Davy dormait bien. Kay serait rentré pour le lendemain matin avant qu'il ne se réveille. Le voyage n'était pas très long jusqu'aux berges de la mer verte.

Le stress de la veille devait beaucoup à la rencontre qu'il comptait faire ce soir. Il avait lu et relu les grimoires anciens du vieux Nork. Il s'était renseigné sur les déplacements de sa cible. Il allait le rencontrer ce soir. Et il allait ajouter le deuxième joyau à son épée.

Davy savait parfaitement que son changement d'attitude dérangeait Kay. Il ne dormait presque plus, et était très stressé. Il aurait voulu être capable de jouer la comédie, de faire semblant que tout allait bien, jusqu'à en convaincre son amant...Mais il n'y arrivait pas, il n'avait pas cette force-là.

Il avait agis comme un zombie toute la semaine, comme absent de son propre corps. Parfois, étant trop lent au goût de Kay, il avait été puni. Il aurait voulu qu'il frappe plus fort encore, jusqu'à lui faire tout oublier. Il ne ressentait plus rien, rien qu'un grand vide. Même plus le plaisir pervers de se faire soumettre, rien. Heureusement, il avait quand-même réussi à ressentir du plaisir physique lorsque Kay l'avait pris. Il ne savais pas si son amant aurait supporté qu'il simule ou ne ressente rien...Mais même le plaisir ne parvenait pas à le faire se sentir mieux.

Une nuit, Davy se réveilla en sursaut. D'un bond, il sauta du lit et courut vers les toilettes où il rendit les maigres choses qu'il avait prises la veille. Au bout d'un moment, son estomac se calma, et il se nettoya avant de retourner à la chambre. Il ne comprenait pas pourquoi Kay ne s'était pas réveillé, il n'était plus sensé faire de nausées depuis plusieurs jours alors il aurait été normal que son amant s'inquiète...Les racines ne pouvaient pas faire de miracle, en fait.

Il eut rapidement sa réponse: il n'était pas dans le lit. Davy fit le tour de la maison, inquiet, sans trouver personne. Mais où était-il donc? Ce n'était pas son genre de sortir à des heures pareilles...

Il s'arrêta devant un miroir. Son teint était pâle, et il avait de grandes cernes sous les yeux. Il passa sa main sur son ventre. Il avait légèrement durcit, bien que rien ne paraisse beaucoup encore. Il devait lui dire. Il devrait lui dire, un jour ou l'autre, de toute façon. Retarder le moment ne changerait rien à la situation. Au contraire, Kay serait encore plus furieux s'il le lui cachait trop longtemps.

Davy avait peur.

Il n'arrivait pas à réaliser qu'il y avait quelque chose là-dedans. Il se sentait encore un enfant, comment pourrait-il...

Il ferma les yeux. Puis, il s'habilla et décida d'aller faire un petit tour dehors. Cela lui permettrait de s'aérer les idées, de faire passer sa nausée et de voir s'il ne trouvait pas Kay par la même occasion, De toute façon, il ne pourrait plus dormir maintenant.

Une légère brume humide recouvrait le village. Le manteau de Kay ne le couvrait pas complètement. Le serrant contre lui pour éviter d'avoir froid, il se rendit vers l'arrêt des taxis. Prendre sa voiture était un mauvais choix : pas assez anonyme. Et il ne voulait pas qu'on puisse le retracer.

Il avait prévu ses déplacements. Il avait prit le Livre. Et il avait pris l'Épée ! Celle-ci était dans un manteau de satin qui protégeait l'Argent de Lune, lui-même enrobé dans un écrin de bois de chêne millénaire comme on en retrouvait peu. La pleine lune brillait dehors. C'était donc le bon soir.

Aucun taxi n'était là. Il s'approcha du système d'appel et sonna. Une voix nasillarde répondit, lui demandant où il voulait aller. Sa destination était la berge du fleuve qui se jetait dans la mer verte sur laquelle siège la Caverne qui résonne. Ce soir, sa rencontre infortunée, qui ne savait pas encore qu'elle allait rencontrer Kay, y était.

— La plage des seiches, répondit-il

Ce n'était pas la berge de la Caverne qui résonne, et il lui faudrait encore 30 minutes à pied pour s'y rendre. Mais c'était une plage où de nombreuses personnes allaient pour récupérer des os de seiches. Ces os étaient d'une douce pâleur verte et étaient souvent utilisées pour fabriquer de petits bijoux de médiocre qualité qui étaient revendus à la sauvette. Un formidable alibi en somme, puisque c'était une période de l'année où l'on en retrouvait régulièrement sur cette plage.

Le taxi mit 15 minutes à arriver. C'était long.

Ayant fait le tour de la propriété et ayant réussi à faire passer sa nausée, Davy se sentait un peu mieux. Ses idées n'était pas plus claires et il n'avait pas réussi à trouver Kay, mais au moins il se sentait moins malade.

Il ne se sentait pas d'humeur à insister, de toute façon son amant était un grand garçon et faisait bien ce qu'il voulait où il voulait quand il voulait. Il s'était peut-être ennuyé et était parti boire un verre ou acheter un truc, pour ce qu'il en savait...Il ne s'inquiétait pas vraiment pour Kay. Il était suffisament fort, malgré l'étrange maladie liée à ses tatouages, pour se défendre seul.

Il s'apprêta donc à rentrer. Il prendrait une nouvelle douche, ça le détendrait, puis prendrait ses herbes et réessaierais de dormir.

Ça, c'était ce qu'il prévoyait.

Mais quelqu'un, quelque part, en décida autrement.

''Va le rejoindre.''

-Hein?!

Il avait entendu une voix, dans sa tête.

''Va le rejoindre.''

Ça y était, il devenait fou...Fallait vraiment qu'il aille se coucher. Mais il se sentait de plus en plus opressé, au fur et à mesure qu'il s'approchait de la maison. Sauf qu'il ne voulait pas partir dans la nuit noire et dans le froid, tout seul, avec des inconnus, sans même savoir où aller! Ça n'avait aucun sens!

'' &?%W*? VA LE REJOINDRE!!!''

(La Créatrice qui perds son professionnalisme xD)

Il stoppa net et éclata en sanglots. Non mais, il n'en avait pas assez comme ça sur le dos? Fallait qu'en plus de tous ses problèmes, une voix imaginaire (ou pas) lui crie dessus et lui demande de faire des trucs impossibles? C'en était trop, il en avait marre à la fin! Pourquoi l'univers se mettait contre lui?!

(Moment où la Créatrice se sent mal. xD)

À cet instant, il cessa net de pleurer. Et il perdit conscience.

Il se ''réveilla'' couché dans le sable, sous un ciel étoilé. Il faisait légèrement frisquet, et il frissonna, lui qui était pieds nus et en pyjama. Il entendait le bruit de l'océan non loin, et réalisa qu'il se trouvait sur la plage. Comment il étaitarrivé là? Il n'en avait aucune idée, et ne le saurait jamais. Perdu, apeuré, il se leva debout d'un pas chancelant et avança dans le noir, incertain, serrant ses épaules de ses mains.

L'air était agréable sur cette plage. Les vagues chantaient une douce berceuse qui murmurait à l'oreille de ceux qui voulaient l'écouter des secrets bien gardés. Quelques rares personnes se trouvaient déjà là, attendant que le soleil arrive pour commencer leur activité de ramassage. La plupart était rassemblé autour de petit feu et abriés dans une couverte.

D'un pas décidé, Kay s'éloigna. Il traversa les quelques dunes qui l'emmenait vers les buissons, en direction du fleuve. Se faisant, il croisa un groupe de canyens qui discutaient autour d'un feu. Une braise jaillit du petit brasier. Elle se déposa sur le manteau de Kay qui poussa un cri de colère. Les canyens, surpris, sursautèrent et l'un d'eux se précipita pour voir si tout allait bien. Mais il se fit insulter sans oser répliquer. Kay ne voulait pas être déconcentré. Il se rendit compte que sa voix avait du porter sur toute la plage. Un rapide coup d'œil autour de lui le convainc que personne n'y avait prêté plus d'attention que nécessaire. Essayant la braise de son long manteau de cuir, il reprit sa marche.

Une fois les buissons passés, il atteint les berges de l'affluent principal de la mer verte. Il fallu effectivement une trentaine de minutes pour remonter jusqu'à la Caverne qui résonne. Il s'approcha lentement. Vérifiant que son livre était à la bonne place. Puis, à l'entrée de la Caverne, il aperçut les flammes d'un feu qui se reflétait sur les parois de celle-ci. Celui qu'il recherchait était bien là. Kay se présenta à l'entrée de la Caverne

— Siméon Filendel... Sorcier de l'eau ! Je suis venu vous parler et vous demander une faveur.

Davy errait d'un air perdu sur la plage. Des gens, assis en cercle autour de feux de camps, le regardaient d'un air intrgués et effrayés à la fois. Avec sa pâleur et sa maigreur, le jeune garçon ressemblait à un fantôme ou à un mort vivant. Personne n'osa l'approcher, malgré les hésitations de certains qui étaient tiraillés entre leur peur et leur envie d'aller lui demander s'il avait besoin d'aide. Il avait l'air tellement confus, les yeux écarquillés, le pas chancelant...

Lui-même, hagard, ne savait pas trop où il allait, ni ce qu'il faisait là. Il se contentait de marcher. Soudain, brisant le silence de la nuit, un cri s'éleva, la voix de Kay...L'avait-il rêvé? Il se sentait un peu fiévreux. Mais, sans se poser de questions, il se raccrocha à ce seul indice et à ce seul espoir qu'il possédait et poursuivit la voix. S'il avait regardé autour de lui, il aurait su qu'il n'avait pas halluciné: les autres avaient sursauté à l'entente du cri. Mais il n'avait pas regardé. Rien n'existait autour de lui, que la nuit et la voix de Kay.

Il ne pourrait jamais dire combien de temps il marcha. Il était dans un état second.

Puis, au bout d'un moment, il aperçut l'entrée d'une caverne. Une lumière dansait sur les murs, montrant qu'elle était habitée. Instinctivement, il se dirigea vers elle. Ses pieds nus s'enfonçaient dans le sable, couverts déjà de petites égratignures dont le jeune garçon ne se souciait absolument pas. Machinalement, il s'avança dans la caverne, jusqu'à ce qu'il distingue des voix...Là, il stoppa net et écouta.

— Siméon Filendel... Sorcier de l'eau ! Je suis venu vous parler et vous demander une faveur.

La voix de Kay raisonna dans la caverne. Mêler au bruit du clapotis de l'eau qui résonnait en permanence dans la caverne, donnant son nom à celle-ci, les voix prenaient une texture aquatique étrange; comme si les intervenants étaient sous l'eau. Un elfe, d'un âge vénérable, tourna la tête doucement.

— Qui m'interpelle ici ? dit le petit homme chauve à la barbe blanche. Qui vient en mon domaine me demander une faveur ?
— Mon nom a peu d'intérêt car il n'appartient pas à ce monde, vénérable vieillard. Je peux cependant dire que je me prénomme Kay. J'aimerais vous inviter à considérer ma faveur à la lumière de votre feu qui reflète, parait-il, votre sagesse.
— Vous m'intriguez jeune homme. Asseyez vous.

Kay s'assied sur une pierre en forme de fauteuil. Elle n'était pas confortable, mais elle n'était pas non plus inconfortable bien qu'on aurait pu le croire à première vue. Il retira la lanière en bandoulière qui maintenait l'écrin de bois sur son épaule. Puis, il le posa à ses côtés, à portée de main. Siméon Filendel reconnu sans problème le bois rare qui indiquait un contenu précieux. Son intérêt s’accrut instantanément. L'homme devant lui disposait des moyens d'utiliser du bois de chêne millénaire pour valise, alors que ceux qui s'en offrait le réservait pour des pièces taillées qui valaient un prix d'or. L'elfe connaissait aussi les propriétés de ce bois; les propriétés dont seuls les initiés parlent.

— Alors jeune homme, reprit l'elfe en affichant un sourire amical et doux, qu'avez-vous donc à me proposer ?

— Siméon Filendel... Sorcier de l'eau ! Je suis venu vous parler et vous demander une faveur.

Kay. C'était la voix de Kay. Même dans son état, Davy la reconnaîtrait entre milles. L'entendre le sortit un peu de sa torpeur, et il s'avança un peu jusqu'à distinguer les silhouettes. Il resta cependant caché dans un renflement, n'osant trop se dévoiler sans savoir pourquoi. La gêne, le malaise...Et puis, comment expliquerait-il sa présence ici? Lui-même ne savait même pas pourquoi! Il écouta donc la suite:

— Qui m'interpelle ici ?Qui vient en mon domaine me demander une faveur ?

C'était un petit vieillard qui avait parlé.

— Mon nom a peu d'intérêt car il n'appartient pas à ce monde, vénérable vieillard. Je peux cependant que je me prénomme Kay. J'aimerais vous inviter à considérer ma faveur à la lumière de votre feu qui reflète, parait-il, votre sagesse.

— Vous m'intriguez jeune homme. Asseyez vous.

Maintenant, Davy était véritablement intrigué. Il savait depuis longtemps que Kay mijotait quelque chose, et qu'il ne voulait pas qu'il sache ce que c'était. Maintenant, il avait la chance d'en apprendre plus et d'enfin savoir ce qui se passait et ce qu'il comptait faire, mais pourtant...Quelque chose d'autre, contre toute attente, retenait son attention.

«Mon nom a peu d'intérêt car il n'appartient pas à ce monde...»

Que voulait-il dire?

Davy pressentait que ce n'était pas là une métaphore ou quelque fioriture de ce genre. Il y avait anguille sous roche. Et quelque chose de sérieux...

- Alors jeune homme, qu'avez-vous donc à me proposer ?

Devant eux, une valise en bois. Qu'y avait-il à l'intérieur? La réponse à toutes les questions que se posait Davy depuis si longtemps? La vérité tant recherchée? Peut-être...

Mais, étrangement, une voix lui soufflait ''tu n'es pas là pour ça...''

Pourtant, c'eut été logique. Mais il avait au fond de lui cette certitude, même s'il ne savait toujours pas pourquoi il était ici. Il ne savait toujours pas ce qu'il était sensé faire, trouver, dire...Il était perdu, et à la fois guidé.

C'est ainsi qu'il s'avança dans la lumière, abandonnant son seul espoir de peut-être connaître la vérité sur ce que tramait Kay. En marchant, il fit doucement rouler une pierre, qui fit assez de bruit dans la pièce pour que les deux hommes le remarquent sans problème.

Davy offrait un étrange spectacle. Pieds nus, couvert d'égratignures et vêtu en tout et pour tout d'un chandail appartenant à Kay, qui lui tombait un peu au-dessus des genoux, et ce à des kilomètres de sa maison, d'où il était sensé être. Le vêtement trop large laissait dévoiler une épaule pâle, aussi pâle que son visage maigre qui était encore plus maladif depuis qu'il avait appris que quelque chose vivait en son sein. Depuis qu'il avait ce si terrible secret...Peut-être était-ce là le but caché de tout cela?

La lumière des flames dansait dans les prunelles en coeur du jeune garçon, qui resta planté là, à dévisager les deux hommes. Le vieillard lui sourit gentiment, mais ne dis rien, au premier abord du moins. C'est ainsi que Davy attendit purement et simplement la réaction de Kay, dans un état second.

» La révélation de la deuxième rencontre